• La souffrance psychique des victimes

« Des journées entières je restais dans la chambre, enfermée, sous ma haute surveillance. Je faisais semblant d’être là quand, en vérité, je n’étais nulle part. Qui aurait voulu me chercher aurait épuisé son souffle à parcourir le monde sans m’y trouver : je n’y étais pour personne, pour moi comme pour tout autre, perdue. » PASQUA C.

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Ces perturbations surviennent lorsque la personne n’est pas en mesure de traiter l’évènement. Ce dernier fait parfois tant violence qu’on assiste à une saturation, parfois même à une déconnexion du cerveau, favorisant une intégration du trauma petit bout par petit bout. Cette interruption contribue à rendre l’évènement encore très présent et pesant, altérant la qualité de vie et les investissements, immobilisant les projets et retardant les possibles projections dans l’avenir. C’est une vie qui semble maintenue entre parenthèses.

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« Poisson chat se rétrécissait de l’intérieur. Il devenait poussière. Depuis combien de temps était-il là, couché sur le sol ? N’avait-il jamais été debout ? Ce qu’il éprouvait était trop inhumain, trop désincarné pour qu’il se croit encore vivant parmi les vivants. Il n’avait plus rien en commun avec ses semblables. Il avait quitté un monde en marche comme on saute d’un train par erreur. » DE STABENRATH B.

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Dans la relation de confiance qui va s’établir entre le patient et le psychologue, la parole va petit à petit se frayer un chemin et permettre aux mots de prendre place sur les émotions. C’est au cœur de cette traduction de l’intime que les souvenirs vont pouvoir se vider de leur trop plein d’énergie et de leur violence, s’apaiser, se nuancer et se retirer de la scène psychique que jusqu’à là, ils envahissaient. Les représentations mentales viendront alors à bout des réminiscences (souvenirs imprécis chargés d’émotions).

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La réparation psychique réside dans le fait d’aider le patient à donner corps et sens à l’évènement afin de lui permettre de trouver une place relativement discrète parmi les autres évènements de sa vie, sans que ça vienne le déborder. Dévoilé et couvert de symboles, l’évènement douloureux va ainsi pouvoir être distancié et libéré. Le psychologue aura également un rôle à jouer dans l’accompagnement de la redéfinition des identités, des statuts et des projets de vie du patient afin de permettre une réinscription individuelle et sociale du sujet et une réappropriation de son existence au-delà des pertes, des deuils et des cicatrices.

Le patient redeviendra alors sujet de son histoire.

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« Une large part de la douleur du deuil relève de ceci : des possibles se sont éteints, des potentialités se sont arrêtées. Espérances déçues, paroles gelées, élans brisés comme une rupture sans délai des fiançailles avec la vie. » Revue Le Croquant

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Dans le deuil, l’ordre symbolique qui départage le vivant du mort s’effondre, permettant ainsi l’empiètement des territoires. Le survivant suit par un mouvement de soi, l’esprit du défunt à travers un labyrinthe dans lequel il se perd et par lequel il signe sa déshérence. 

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La sidération qui gèle les pensées, l’absurde qui parvient à se frayer un chemin pour retentir et renverser l’ordre établi, la prise en otage et le travail de destruction de tout ce qui lie au monde avec vitalité, délicatesse et beauté et ce cœur qui subit à répétition des attentats émotionnels conduisant vers la sortie, le cheminement de la pensée… représentent autant de dimensions sur lesquelles accompagner un(e)patient(e), venant en thérapie faire part d’une souffrance liée à une relation toxique/ d’emprise (ex : perversion narcissique)

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Les capacités physiques et psychiques du patient à résister et recréer sont nombreuses.

Cette aptitude humaine doit tant que possible, être soutenue et contenue par un professionnel spécialisé dans la prise en charge des victimes.

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